3 | 2e semestre 2021

Ce numéro comprend des articles qui prolongent des communications en congrès sur le partenariat de soin avec le ou les patients, ici le 2e Colloque international sur le partenariat de soin avec les patients organisé en février 2021 à Toulouse, tout en restant ouvert à un article issu d’un autre univers.


1. La contribution des patients au développement des connaissances professionnelles sur les réseaux sociaux

Christine Pintus.
Dans le cadre d'un travail de recherche doctorale questionnant la contribution des réseaux sociaux dans la diffusion et le développement des praxéologies professionnelles infirmières, nous avons interrogé le rôle que jouent les patients dans les échanges professionnels sur ces dispositifs. La place des patients dans le paysage médical s’est modifiée depuis les années 1980 grâce à leur contribution au développement des connaissances à propos du SIDA. La reconnaissance de leurs compétences est en lien avec ce savoir-agir développé dans les situations de vie où la maladie s’impose, situations uniques et singulières questionnant et faisant émerger de nouvelles connaissances. Nous nous appuyons sur deux cadres théoriques : la théorie anthropologique du didactique (TAD) d’Yves Chevallard qui porte un regard à la fois didactique et anthropologique sur la construction et la diffusion des savoirs dans la société et la théorie des communautés de pratique de Lave et Wenger. Nous faisons alors l’hypothèse qu’en participant aux échanges, les patients contribuent au développement des connaissances des infirmiers et des infirmières. Le dispositif de recherche s’appuie sur une méthode mixte :analyse quantitative par questionnaires, analyse descriptive portant sur un corpus de textes extraits d'échanges sur les groupes professionnels de discussion, et analyse qualitative grâce à une analyse de contenu. Les résultats permettent de […]

2. Parcours de soin disparate et complexe : évaluations et impacts sur la qualité de vie des patientes endométriosiques

Cassandra Guillemot ; Josephine Klinkenberg ; Florence Sordes.
L'endométriose est une maladie complexe, multifactorielle avec une symptomatologie différentielle, duquel découle un parcours long et fastidieux où l’errance diagnostique atteint en moyenne sept ans. Les soins y sont souvent insuffisamment coordonnés et conduisent à un parcours de soin hétérogène et non optimal avec une pluralité de propositions et relations thérapeutiques bien réelles. La qualité de vie peut être affectée au regard du parcours de soin et du vécu émotionnel résultant. Un échantillon de 635 femmes de 18 à 56 ans a répondu à des questionnaires auto-administrés évaluant la symptomatologieanxio-dépressive (HAD), la prise de décision partagée inhérente à leur parcours de soin (SDM-Q9), l’image corporelle (BIS) ainsi que la qualité de vie (SF-36). Des questions sociodémographiques et biomédicales ont également été posées. Les résultats mettent en évidence que les participantes ont mis en moyenne 9,5 ans avant d’être diagnostiquées (ET = 6,8), 86,2 % d’entre elles considéraient que les médecins n’accordaient pas ou peu d’importance à leurs symptômes. Elles sont aujourd’hui 26,7 % à considérer n’être pas intégrées aux décisions thérapeutiques. Cette dernière variable est centrale puisqu’en lien avec les niveaux de qualité de vie physique et mentale et la satisfaction de leurs propositions de soin. Ces constats nous amènent à réfléchir à un partenariat entre les patients et les médecins, […]

3. Implémentation du Dossier Médical Partagé dans l’accès aux soins et l’accompagnement des migrants en médecine générale : représentations des principaux acteurs

Dupety Hélène ; Hurpez Eva ; Barbaroux Adriaan.
L’utilisation du Dossier médical partagé (DMP) pourrait faciliter l’accompagnement des migrants mais son implémentation en France est laborieuse. L'objet de cet article est d'explorer les représentations sur l’utilisation du DMP pour les migrants auprès des médecins généralistes et des migrants. Une étude qualitative exploratoire par entretiens semi-dirigés individuels et focus group a été réalisée entre avril et juillet 2020 avec échantillonnage en variation maximale. Les deux populations étaient recrutées et analysées indépendamment jusqu'à saturation des données. Une analyse inductive a été réalisée avec un double codage en aveugle. Douze participants ont été recrutés dans chaque population. L’utilisation du DMP chez les migrants était considérée par les deux populations comme bénéfique mais difficile compte tenu des spécificités de la vie de migrant. Le DMP apparaît comme une solution pratique pour accéder aux données de santé des migrants et son accès mériterait d’être simplifié. Les éléments facilitants étaient l’implication des travailleurs sociaux, et l’intérêt de l’accès au DMP dès l’arrivée sur le territoire français. Les avis divergeaient sur l’impact qu’aurait le DMP sur la relation médecin-patient, spécifique aux migrants.